Raoul Audouin a signé en 1947 un digest de L'Ordre social de Jacques Rueff. C'était aux Editions SEDIF, fondées en 1939 par Pierre Lhoste-Lachaume pour "comprendre les causes réelles des crises surgies depuis la première guerre mondiale".
L'Ordre social ? "C'est par le déficit budgétaire que les hommes perdent leur liberté !", s'écriait Jacques Rueff. Monnaie saine ou Etat totalitaire, résume Raoul Audouin. Tel est le titre du digest dont vous pouvez télécharger un pdf (9,6 Mo) en cliquant sur ce lien.
Signalons la conférence que Charles Le Lien a donnée le 18 juin 2009 au séminaire monétaire que Philippe Simonnot anime dans le cadre de l'Institut Turgot ; un régal pour les disciples de Jacques Rueff que nous sommes car il y commente l'actualité, au regard de la crise des subprimes, de l'analyse que Jacques Rueff a fait du péché monétaire de l'Occident. Cliquer sur ce lien.
Philippe Nemo
29 novembre 2007
La grande question disputée de notre temps est celle de l’émergence d’une humanité une, sur une planète rétrécie depuis un demi-siècle par la mondialisation. Cette humanité objectivement réunie volens nolens peut-elle l’être aussi subjectivement par quelque conscience d’un bien commun ? Et si oui, sera-ce sur une base religieuse ou en mettant en œuvre la seule « raison séculière » ?
On sait que Benoît XVI – ou plutôt, le cardinal Ratzinger – et Jürgen Habermas ont discuté de cette question à l’Académie catholique de Munich en janvier 2004. Ils ont montré les difficultés que rencontrent tant les religions que les « Lumières » quand il s’agit de faire émerger des normes pouvant être reconnues comme universelles. Habermas admet que la raison logique seule a des difficultés à produire des normes stables et il est donc tenté de faire une certaine place aux religions et à leur sagesse. De son côté, le cardinal Ratzinger montre que la raison sécularisée, à laquelle il reconnaît le mérite de pouvoir tempérer le fanatisme religieux, est exposée elle aussi à des dérives, à une hybris qui peut être aussi folle et dangereuse que le fanatisme même – comme on l’a vu par l’usage de l’arme atomique ou comme on pourrait le voir si se réalisait le projet de la biologie moderne de fabriquer des êtres humains comme des produits. Les deux interlocuteurs se quittent sur la promesse de faire dialoguer ces deux sources du savoir humain devenues conscientes de leurs limites respectives.
Il me semble que, si l’on veut avancer dans ce débat, il faut en redéfinir radicalement les termes. Je pense en effet que le vrai problème n’est pas la valeur respective des savoirs produits par les Lumières et de ceux que nous héritons des religions (I), mais l’opposition entre deux visions du monde, l’une, païenne, close sur le monde tel qu’il est, l’autre, biblique, ouverte sur une perspective éthique et eschatologique qui oblige à le transformer (II). De sorte que l’humanité ne peut avancer vers une paix véritable si elle n’est inspirée d’une manière ou d’une autre par l’Évangile (III).
Droit et Révolution
La formation de la tradition juridique occidentale
de Harold Berman
Un florilège
11 février 2008
Voici un florilège des passages marquants de Droit et Révolution d’Harold Berman. Son but de n'est pas d'insister sur la nature du Droit et son histoire en Occident depuis la chute de l'empire romain, points sur lesquels l’auteur ne laisse rien d’obscur, notamment dans les 34 pages de sa conclusion. Mais il est plaisant de mettre en lumière l’art avec lequel il brosse les grandes phases de l'histoire de nos institutions, notamment la manière dont les populations y ont réagi et les ont infléchies. Harold Berman scruta tout cela avec un regard de chaleureuse sympathie et il est certain que l'évidence de cette "sentimentalité" compte pour beaucoup dans le succès impressionnant que le public américain a réservé à Droit et Révolution.
D'autres extraits de Droit et Révolution en lignes sur le site de l'Observatoire des religions.
Le lien vers le site de l'éditeur , la Librairie de l'Université, d'Aix-en-Provence
Arnaud Pellissier-Tanon
7 avril 1999
La subsidiarité ? Longtemps personne, ou presque, n'a connu ce mot. C'est un mérite -indirect- des constructeurs européens que de l'avoir sorti de sa gangue de poussière érudite, en y faisant une référence explicite, à défaut d'avoir bien compris ce que l'expression signifiait et, plus encore, d'être capable de l'appliquer. Ce texte cherche à rendre clair ce qui demeure obscur pour beaucoup et montre, en remontant aux origines de la notion, qu'il pourrait y en avoir un bon usage. A condition de cesser de voir la subsidiarité comme une redistribution façon "Roux-Combaluzier" entre pouvoirs publics de divers niveaux mais, d'abord, de la considérer comme une question posée à la société civile.
Raoul AUDOUIN
25 février 1990
Bien que l'on parle assez fréquemment du "principe de subsidiarité" pour ce qu'il est : une ligne directrice pour définir un comportement légitime de l'Etat, le sens du mot est loin d'être perçu d'emblée dans le public. C'est un terme abstrait, dont on voit bien qu'il est construit comme celui d'exemplarité - qui est la qualité de cela ou de celui qui est "exemplaire" - mais de façon analogue, qu'est-ce qui peut être dit "subsidiaire" ?
On connaît dans les jeux la "question subsidiaire" qui sert à départager deux premiers ex-æquo ; et en langage juridique la "garantie subsidiaire" qui ne joue que lorsque la garantie principale est défaillante. Mais, ces notions mineures ne peuvent se référer à l'Etat. Alors, de même que l'on dit exemplaire celui qui donne l'exemple, sans doute l'Etat est-il subsidiaire quand il fournit des subsides ? Ne voyons-nous pas effectivement qu'il est souvent appelé à subventionner des régions ou secteurs sinistrés ?
Tout n'est pas faux dans cette interprétation sommaire; mais c'est presque un jeu de mots, qui évoque l'un des procédés par lesquels s'exerce une fonction beaucoup plus large, non seulement de gouvernant à gouverné, mais dans, et entre, tous les secteurs de la vie sociale. Fonction encadrée par un objectif : rendre des services gratuitement, et une exigence : respecter la liberté aussi bien des apporteurs que des receveurs.
La complexité considérable de ce phénomène ne peut s'éclaircir qu'en se référant à l'histoire de la subsidiarité telle qu'elle s'est concrétisée dans notre civilisation ; puis aux circonstances et intentions qui ont conduit récemment à forger le mot même. Alors seulement l'on pourra esquisser les perspectives d'utilisation de cette analyse en fonction du problème de l'Europe de demain. Tel sera le cheminement de l'exposé ci-après.