J.G. Hülsmann
11 février 2008
L’idée que l’inflation est néfaste est une idée bien ancrée en science économique. Cependant la plupart des manuels contemporains sous-estiment l’étendue du mal parce qu’ils définissent l’inflation de manière trop étroite. La définition standard la conçoit comme une « baisse prolongée du pouvoir d’achat de la monnaie (PAM) » et très peu d’attention est accordée aux formes concrètes qu’elle revêt. Pour mieux comprendre sa nature néfaste dans toute son ampleur, il faut recourir à une tradition plus ancienne d’analyse monétaire qui trouve son origine dans le Traité des monnaies de Nicolas Oresme au 14ème siècle. Selon cette conception, l’inflation est le produit d’une violation des règles fondamentales de la société.
Aussi dans le présent essai définirons-nous l’inflation comme une augmentation de l’offre de monnaie qui est due à l’escroquerie, à l’imposition et à la rupture de contrat. Invariablement, elle produit trois conséquences caractéristiques : (1) elle bénéficie à ses auteurs aux dépens des autres utilisateurs de la monnaie, (2) elle permet une accumulation des dettes au-delà du niveau qu’elles auraient pu atteindre sur le marché libre, et (3) elle réduit le PAM en dessous du niveau qu’il aurait atteint sur le marché libre. Ces conséquences sont encore aggravées quand l’inflation est encouragée par l’Etat. On parlera alors d’ « inflation forcée ». La monnaie forcée – en particulier le papier-monnaie que le gouvernement impose aux citoyens à un cours forcé – rend l’inflation permanente et créé par ailleurs des institutions et des habitudes spécifiques à l’inflation.